Demande d'audience pour le roi Arthur

La demoiselle Ophélia, suivante de la baronne Bérénice qui était au château en visite à une cousine à Camelot, fille d'un comte d'une terre loitaine, pénétra, l'air rêveuse, dans la salle où se trouvait la fameuse Table Ronde.

En cette journée de froid hiver, la belle dame portait une légère robe d'un fin tissus de couleur noir. Un voile de la même couleur épousait les courbes de la veuve, ajustée par-dessus son autre robe.
Elle était fort simplement vêtue. Aucun bijoux, sinon une chaîne en argent qui ne trouvait fin qu'à la naissance de sa poitrine. Le pendantif était invisible à tous, car il était dissimulé sous son vêtement.
Sa chevelure de feu, cette tignasse rousse, symbole d'une alliance avec le diable (du moins, selon les dernières rumeurs des dames, apparues peu après sa crise de folie), tombait librement dans son dos. Elle avait cependant tressé quelques mèches, de façon à ce qu'elles (les tresses) forment une mince courrone de cheveux autour de sa tête.

Toute cette noirceur, toute cette mélancolie (voir même nostalgie), tout ce romantisme rehaussait d'avantage la paleur cadavérique de la belle.

Son regard rêveur se porta sur chacun des chevaliers présents, sans qu'aucun sourire n'effleure ses lèvres.
Il demeurait vague, perdu dans un songe situé entre deux mondes. Celui-ci et celui des rêves.

Ses pieds nus la portèrent jusqu'au roi, devant lequel elle s'inclina... lentement...

- Votre Majesté...

[Bon eh ben en fin de compte j'ais eu le temps de digérer! MDR!]

Une fine volute blanche s'échappa des lèvres entrouvertes d'Arthur, à peu près la seule manifestation de vie qui pouvait le distinguer d'une statue. Le feu moribond qui couvait dans l’âtre derrière lui ne suffisait plus à réchauffer la grande pièce sombre et froide une fois la nuit tombée.
Il venait de signifier à son jeune page qu’il pouvait se retirer pour la nuit, on en était déjà à la moitié passée et il avait pu voir Thibault, debout à son côté, passer d’immobile comme une statue, à une statue bien chancelante et qui commençait à trouver ses paupières alourdies par un sommeil de marbre. Le jeune homme n’avait pas caché son soulagement et sa gratitude, aussi avant que rejoindre sa couche qui avait tout le goût du chant des anges, rajouta-t-il une belle bûche pour faire repartir la flambée depuis les braises. De plus, Arthur préfèrait la solitude en cette heure, la seule véritable qu’il pouvait trouver dans le château.
La journée, il n’y pouvait guère compter, toujours une plainte à recueillir, des hommages à accepter, des ordres à donner, des missives à dicter. Et encore plus en ces moments pénibles où une réflexion pleine et entière lui était salutaire. Il avait devant lui étalés les documents apportés par Mordred et il n’avait pu s’en détacher de la soirée si bien qu’on ne l’avait vu au repas du soir. Ca n’était pas chose rare, il se trouvait toujours Guenièvre pour faire bonne figure et quelle figure ! Pour tout dire, sa collation reposait toujours à côté de lui, froide comme si elle avait été dehors à présent, mais elle demeurait intouchée. La mine de notre Roi en disait long sur les tourments qui étaient les siens et qui ne cesseraient que lorsque Camelot serait redevenue ce qu’elle devait être ! Quoi donc au juste ? Arthur aurait répondu sans ciller, quelques temps auparavant : « un lieu de paix, de sérénité et de justice »… Dans son esprit, ça sonnait comme le « poc » triste d’une pierre jetée au fond d’un puit.
Caressant ses joues qui devenaient rudes, il leva un instant son regard pour le reporter sur les sièges vides autour de la Table circulaire à laquelle il trônait. Moment de solitude intense… Comme seuls les Rois peuvent en avoir. Il n’était pas sûr de rejoindre ses appartements ce soir, Guenièvre devait déjà avoir rejoint les siens et les bras de Morphée. Ceux d’Arthur auraient aimé y trouver leur place, mais… demain peut-être… c’est ça oui !

La porte grinça dans le silence de cathédral et le blond Thibault refit son apparition :

-Milles excuses, mon Sire. On demande à être reçue… Dame Ophélia…

Le garçon avait été arrêté dans son élan de joie et rattrapé par sa charge. La grande dame rousse _fort gracieuse mais un peu étrange si vous lui demandiez son avis_ choississait une heure bien singulière pour solliciter l’attention de son auguste maître ! Le souverain ne dit rien mais le simple fait qu’il se leva de son siège indiquait qu’il recevrait la dame et Thibault s’en retourna pour la faire entrer.
Arthur se trouva fort surpris lui-même de cette entrevue nocturne mais par-dessus tout il se faisait un devoir de recevoir celle dont l’intriguante mésaventure, quelques nuits auparavant, s’était répandue comme une trainée de poudre (pas à canon ça n’existait pas ! ) dans tous les couloirs et dont tous désormais à Camelot connaissait le nom. Le Roi s’était enquit de sa santé et s’était promis de la visiter dès que les physiciens jugeraient son état satisfaisant, il devait en être ainsi ou bien s’agissait-il d’une imprudence pour qu’elle se présente devant lui ce soir.

Alors qu’il s’avançait doucement, le souverain esquissa un pas également en sa direction et ne put s’empêcher de remarquer qu’elle allait sans chausse aucune alors que les dalles du château étaient plus froides que la glace. Il parla d’une voix sourde, presque basse, sans savoir pourquoi, peut-être parce qu’il lui semblait qu’un éclat aurait fait se briser la demoiselle en mille morceaux.

-Bonsoir madame, on m’a fait part du triste événement dont vous fûtes, bien malgré vous, l’héroïne. J’ose espérer que mes prières de rétablissement seront parvenues au Très-Haut.

Il se saisit de sa main blanche qu’il baisa révérencieusement en guise de salut puis engagea la dame à parler sans crainte :

-Que me vaut l’honneur ?

[PS: Zut je viens de me rendre compte que j'ais situé ça de nuit... Pourquoi d'ailleurs?! lool! Bah tu gardes si tu veux! ]

( Pas grave! C<est sympa comme ambiance!)

La pâle Ophélia reçut le baiser un roi en rougissant. Ses joues pâles qui commencaient tranquillement à se creuser, comme ceux des morts, s'empourprèrent.
Elle retira sa main, avec une grande délicatesse pour ne pas offenser son roi, l'oncle du fils de sa nouvelle flamme.

La rousse demoiselle étira ses lèvres en un charmant sourire, tout aussi triste qu'heureux.

- Pardonnez-moi, Votre Majesté. Je n'arrivais plus à trouver le sommeil, en cette froide nuit d'hiver et j'osais espérer trouver quelqu'un à qui confier mes tourments...
On dit que l'animal qu'est la chouette fut jadis la fille d'un boulanger. Je sais ce que je suis aujourd'hui, mais ne sait point ce que je deviendrai.
C'est pourquoi je demande, avec votre permission, de quitter Camelot pour rejoindre l'homme que j'aime.
Je n'aurais pas supporter vous savoir inquiet à mon sujet... je ne suis disparut que quelques jours que voilà tout les gens s'enquient de moi!
Il s'agit du prince Mordred, votre neveu.
Je sais avoir gagné son coeur et lui le miens. Mais il épousera la princesse Élizabeth.
Si je ne puis être sa femme, au moins serai-je honoré de le servir en tant que suivante de sa reine.
Je pourrai vieillir avec lui... et mourir de même.

[Toto après la bataille! ]

Voilà qui devait notre souverain bien à son aise... Une pucelle qui venait à lui en pleine nuit quérir son avis sur les choses de l'amour comme on l'aurait demandé à une matronne... Autant dire qu'Arthur a cet instant précis cru piquer un fard! Si l'on en croyait les discussions de jadis autour d'un feu de camp avec ses vieux compagnons d'infortune (ou de fortune comme on veut), l'amour ça avait soit le goût d'un jupon qui glisse sur les jambes d'un fille de ferme ou bien celui d'un parfum de mouchoir échappé par une damoiselle fort lointaine... Personne n'est visé, mais Dieu reconnaitra les siens!
Pour sa part, il aurait été bien en peine de parler amour, puisque n'ayant jamais connu qu'une seule et unique femme dans sa vie, le terme ne semblait pas convenir à la définition qu'en donnaient ses frères d'armes... Ses sentiments pour Guenièvre étaient-ils de l'amour donc? Lorsqu'un homme commence à se poser ce genre de questions il aboutit nécessairement à un grand marasme, le marais informe et meuble de ses sentiments, bref quelque chose dont on ne sait pas pas trop si ça peut mordre et par quel bout le prendre... C'était le cas de notre ami Arthur, grand émotionnel devant l'Eternel!
Revenons à Guenièvre donc. De l'amour? Non, de la passion, de l'adoration, de la dévotion... Que n'était-elle pas demander à la Reine fort justement? Aurait-on eu l'idée saugrenue d'aller demander à celle-ci matière sur les choses de guerre? Chacun son domaine! Ah déjà le partage des tâches et le soucis de parité!
Il se trouvait en plus que l'heureux élu du coeur de la dame Ophélia était son propre neveu. Double coup pour le Roi. Double embarras aussi. Nul doute que celui-ci aurait gratté la terre jusqu'aux Enfers s'il avait su son oncle mêlé dans ses histoires de galanteries!

Enfin, voilà Arthur confronté à une bien périlleuse affaire comme il avait rarement connu! Tout mal à l'aise qu'il pouvait être, la demoiselle attendait sa réponse de Roi, une autorisation formelle tout du moins, sinon un conseil, aussi ne devait-il plus la faire espèrer davantage.

-Madame, c'est une étrange requête que vous me portez là. Non, pas par sa manière qui vous honore mais par les sentiments qui la portent. Tous ceux que j'abrite de mon toit sont libres d'aller et venir à leur guise, ils sont les seuls maîres après Dieu de leur fortune. Et si c'est vôtre souhait de partir, je ne sais rien qui me donnerait le droit à la contrainte, mais...

Oui il y avait un "mais"...

-... mais, veuillez accepter ce qui suit comme un modeste conseil, c'est à une bien singulière vie que vous vous destinez. Y avez-vous songé seulement? Si l'avenir de mon neveu est tracé avec une autre, je ne vois que tristesse et amertume comme avenir de votre décision. Et pour tout dire de l'inconscience même car il s'est engagé dans un serment qu'il entend tenir devant Dieu, rien ne devra l'en détourner et votre présence ne serait-elle pas cause de souffrance pour lui? Quel affront serait-ce pour sa femme que de se savoir trompée même en pensées pour celle qui la sert et par celui que le sort lui destine? Pourquoi faire souffrir tant d'âmes?

Amis du tact, bonsoir! Le regard d'Arthur n'était pas dur, il comprenait que la fougue de deux jeunes gens poussés par leurs inclinations pouvait les empêcher de voir plus loin sur le chemin que ce qu'ils ne voulaient bien voir... Mais son ton était malgré tout ferme, il avait une certaine idée de la droiture et il y avait des choses avec lesquelles on ne pouvait jouer sans craindre de se voir brûler. Il n'avait aucun intérêt dans tout ceci, sinon l'inquiètude du devenir des trois personnes dont il venait à présent de prendre part, même malgré lui.

[ moi zaussi j'aime mon ptit Tutur en secret (surtout quand il s'est fait tout beau pour l'hivers ) mais moi c encore pire les effleurements les ptits bisous derriere le comptoir on oublie, parce que c de mon égo que je dois le cacher ]

[MDR! Je comprend que mon Toto n'ait aucune chance face à un tel adversaire alors! ]

Arthur qui venait du lui tourner le dos ne put retenir un hocquet de surprise ou plutôt d’outrage. Voilà qu’elle se mettait à parler comme la dernière des courtisanes et des pécheresses ! Assurément la pucelle n’était point farouche pour son jeune âge, peut-être ne comprenait-elle pas comme il comprenait les sirènes de l’Amour qui ont plus d’une fois causés la perte de l’honneur des demoiselles et parfois de celui de l’aimé.
Il avait bien trop de raison pour se taire devant un discours si dangereux, était-ce l’homme, était-ce le chevalier, le chrétien ou le Roi qui s’offusquait d’un tel discours ? Qu’importe il y avait à présent dans sa voix ce quelque chose de réprobateur, un regard de père en somme. Père il ne l’était point et en même il l’était un peu de tout le monde…

-Aimer ne ressemble en rien à ce que vous me contez là, demoiselle. Aimer, ce n’est pas convoiter, aimer c’est se satisfaire du bonheur de l’autre au mépris de soi, aimer c’est s’incliner lorsque Dieu réprouve, aimer c’est partir lorsqu’on voudrait rester, aimer c’est privilégier la raison à la passion qui n’est que feu qui consume et qui ne laisse rien derrière lui. Vous l’apprendrez bien assez tôt lorsque vous y serez confronté dame Ophélia.
Celui qui se détourne du chemin de l’intérêt commun pour satisfaire le sien propre au mépris de toute convenance s’enlise et reste seul. Ce n’est pas l’Amour que vous prônez là, c’est le pêché. Il n’est point besoin d’actes, l’orgueil de l’âme suffit pour entrer déjà dans la félonie. Et si mon neveu est trop faible pour vous y encourager, trouvez en vous-même la force de ne point vous perdre dans la bassesse, je crois pouvoir présumer que vous méritez un tout autre destin que celui d’une femme d’ombre et d’intrigues…
Si à présent votre avis est scellé et que rien ne pourra vous faire vous détourner de la route aveugle que vous souhaitez emprunter que Dieu vous garde et vous pardonne !


[Il aurait pu faire un si bon curé ! ]