Des jeunes filles comme Camille, qui passaient occasionnellement au bosquet, sans, bien souvent, avoir l'intention de revenir un jour, Gwendydd en avait beaucoup rencontré.
La petite Camille semblait être soulagée et extasiée devant un tel paysage auquel elle avait certainement rêvé toute sa vie.
Il fallait être avenant avec ce genre de femmes frêles, se dit Gwendydd.
« Ne nous remerciez pas, vous êtes ici chez vous ! »
Voyant l’embarras de la petite nouvelle face à une situation qui lui semblait être déconcertante, Gwendydd poursuivit :
« Venez donc ma chère, pour ce qui est de votre cheval, ne vous en faites pas, nos druides, en temps de guerre, s'enrôlent dans l'armée de Camelot et remplissent à merveille leur rôle d'écuyer. »
Un jeune druide du nom de Kévin approcha et salua Camille ; il ôta délicatement de ses mains la longe de la monture et l'emmena aux écuries du bosquet.
« Maintenant, il ne vous reste plus qu'à vous occuper de vous!
Nous avons encore la fin de journée devant nous pour finir les préparatifs, je vous propose donc de nous suivre, afin de nous remettre des tensions que nous avons accumulées aujourd'hui lors de nos deux voyages respectifs, dans les bassins aux sources chaudes. »
Anticipant sa réaction, Gwendydd expliqua à Camille ce qu'étaient les sources chaudes.
A défaut de ne pas avoir de thermes ou de baignoires comme on en trouve à Camelot, le bosquet offrait, à l'embouchure du lac, des sources d'eau réchauffées de manière naturelle par sa stagnation. L'eau se renouvelait régulièrement, ce qui ne faisait pas d'elle une eau sale, les petits bassins étant tous reliés étroitement au grand lac, d'où leur température en réalité tiède.
C'était un mode de vie très particulier auquel les prêtresses s'étaient de tout temps accomodées.
Deux jeunes prêtresses portaient dans leurs petits bras quelques cylindrés de pierre et la nouvelle toge de soie blanche que revêtirait la Grande Prêtresse, couleur symbolique pour Gwendydd, qui se plaisait à endosser cette couleur douce et porteuse d’espoir lors des premières journées de ses arrivées mensuelles au bosquet. Et, en ce jour, il était doublement plaisant pour la Dame Du Lac de retrouver ses petites habitudes, car ces journées revigorantes passées au bosquet se faisaient de plus en plus rares à mesure que ses petits allers retours jusqu’à Camelot et dans tout le royaume se multipliaient.
Une autre jeune vierge, porteuse de la cape rituelle des Grandes Prêtresses, s’approcha timidement de Gwendydd qui reconnut la petite fille, une noble ayant intégrée la Maison des Vierges un mois auparavant.
Elle lui sourit en guise de remerciement et frôla délicatement de sa main la chevelure de cette petite tête blonde.
D’autres prêtresses plus âgées vinrent apporter de quoi vêtir la nouvelle venue et elles s’en allèrent toutes vers les bassins, papotant ici et là des péripéties de Gwendydd, du formidable voyage de Camille.